mercredi 13 juin 2012


Cinquante années entre les gypaètes et les acarpes.




                                                   « Mon frère, tombé au combat il y a maintenant trois ans, n’est il donc lui aussi qu’un amas d’os à convictions ?je pensais que ma mère et mon impotent de père avaient plus d’affection et de considération pour lui. Je pensais qu’il existait, dans un recoin plus délicat de ces rugueuses enveloppes montagnardes, des amours véritables qui pouvaient résister à la folie exhibitrice et charognarde qui avait animé soudain des humains à l’endroit des êtres qu’ils avaient parfois le mieux aimés. »               Tahar djaout : les chercheurs d’os

           


Cinquante années viennent de passer. Oui, on est satisfait et heureux. Tout va bien. Les martyrs le sont –ils la haut au paradis ? Ne sont ils pas malheureux et blessés à cause de ce que nous prétendant faire pour se souvenir d’eux ?

           Ce cinq juillet 2012 nous allons chanter, danser, faire semblant de croire à leur combat qui a payé. Nous allons repartir les quelques os qui se trouve à la mosquée du village à parts égales entre les villageois ; et chacun les mettra dans son salon de manière à les exhiber à chaque occasion où on se sent inutile dans cette liberté qu’ils on payé de leurs vies. Oui  «  j’ai un os de chahid chez moi donc je suis ».
         Depuis des années, les os de chahids constituent un prélude plutôt cocasse à la débauche de papiers, certificats et attestations divers qui  font leurs lois intransigeantes.  Malheur à celui qui n’a ni os ni papiers à exhiber devant l’incrédulité de ses semblables.
        Chers  martyrs on fêtera ce cinq juillet comme on se le doit. Juste ne revenez pas cette semaine ni ce mois ni cette année … revenez de préférence après notre mort, comme ça on ne se croisera jamais ni dans cette vie, ni dans l’au-delà. Comme ça, on n’aura pas de compte à vous rendre. Comme ça nous, on n’aura pas vécus pour vous…
        Ce cinq juillet, l’apothéose du martyr verra des festivités qui feront parler, non pas de vous, chers martyrs, mais des organisateurs. Oui, des vivants dans un coma carus qui doivent prouver leur existence tout en faisant semblant de parler de vous.
        Oui, ces vivants qui n’arrivent à rien faire à la longueur pour apporter quoique se soit de bien à leur quotidien.




                                « On dit chez nous, de quelqu’un qui  ne réagit pas aux évènements, que dieu le fera renaitre âne dans l’au-delà. C’est sans doute la une dure condition. Mais, pour la situation présente, je ne vois nullement de différence entre notre âne et nous. C’est lui qui porte le fardeau, mais le véritable poids du squelette est sur nos épaules et dans nos têtes. »
 Tahar djaout : les chercheurs d’os
     
  


En démocratie, les intellectuels ont le devoir de veiller à ce que toute personne se retrouvant gouvernant ne dépasse ses prérogatives en utilisant des symboles pour leurs propres gloire peinée par le décès de celle qui a laissé derrière elle le dernier message « on est toujours debout ».En attendant le 5 juillet 2012 et ce qui se fera, j’ai bien peur que ce jour là  c’est la mort de nos martyrs que nous allons pleurer tout en disant « heureux les martyrs qui n’ont rien vu » .
« ma tecfam a yigudar     Fellawen iadda lakhrif …»
Nekkini kan.

KETCH DWI S ...