mardi 23 octobre 2012


La maladie de Gaucher
Une maladie qui vient de toucher un habitant du village de timegras.elle necessite un traitement periodique et un soutient au malade.
La maladie de Gaucher est une maladie de surcharge lysosomale, fréquemment présente chez les juifs Ashkénazes1, en rapport avec un déficit enzymatique en glucocérébrosidasedue à une mutation autosomique récessive du gène lié à l'enzyme β-glucosidase acide, et conduit à une accumulation de son substrat, le glucocérébroside (un lipide) dans la rate, lefoie, les poumons, la moelle osseuse, et, plus rarement, le cerveau. Les manifestations de cette maladie sont très variables, de la forme létale à la naissance jusqu'à l'absence totale de signe. L'identification de cinq types de maladie de Gaucher permet de porter un pronostic et une conduite à tenir.
Les complications cardio-pulmonaires se rencontrent dans toutes les formes mais avec des degrés divers de gravité
La maladie de Gaucher est une maladie héréditaire due à une cérébrosidose, qui est une variété de lipoïdose. La lipoïdose est la pénétration, l'infiltration, des cellules d'un organe ou d'un tissu par certaines variétés de lipides (corps gras) comme les cérébrosides, les phosphatides ou le cholestérol.
Le diagnostic de cette maladie est posé pour la moitié des individus avant 10 ans. En ce qui concerne la France, pour l'année 2002, environ 200 patients ont été recensés et 135 ont bénéficié d'un traitement dont le but était de remplacer l'enzyme manquante
Il existe classiquement trois types nécessitant des prises en charge différentes et des pronostics différents. Récemment[Quand ?], deux autres types ont été décrits.
Le type 1, ou forme non neuropathique chronique, est le plus fréquent et touche aussi bien l’enfant que l’adulte. Si ce type ne fait pas de discrimination ethnique, sa prévalence reste plus élevée chez les personnes de descendance est-européenne. Le type 2 (avec atteinte neurologique d’évolution aiguë) et le type 3 (avec détérioration neurologique d’évolution subaiguë) touchent tous deux le système nerveux central. Les enfants qui sont atteints du type 2 de la maladie atteignent rarement l’âge de deux ans.
Le type 3 est associé à une détérioration neurologique d’évolution variable. On a décrit un foyer de prédilection de la maladie de Gaucher de type 3 dans la région de Norrbotten, en Suède La forme péri-natale associe une anasarque et des anomalies de la peau ressemblant à une ichtyose ou à un bébé collodion. La forme cardiovasculaire associe des calcifications de l'aorte et de la valve mitrale, une splénomégalie, une cataracte, une hydrocéphalie. Cette forme est associée avec la mutation D409H/D409H.

jeudi 5 juillet 2012

jeudi le 05 juillet 2012

Du révolu pour fêter l indépendance

Journées de l’indépendance

Ces journées ont eu pour effet de replonger le village dans l‘époque des années de plomb du parti unique qu’on croyait révolue à jamais.

        Certes le pays vit le multipartisme depuis presque vingt ans. Et normalement c’est la diversité culturelle qui doit imposer la diversité des avis de voir les choses. Mais quand  on plonge dans le fond de la société, on découvre que les gens, même les personnes qu’on croit militantes de la démocratie trouvent du mal à ne pas utiliser les pratiques du system lors des années du parti unique pendant tout événement. Elles se trouvent même dans l’incapacité de se remettre en cause quand une de leurs propositions n’engendre que du négatif.
      
 Inna yas winna :    -ay mazal anzar wis kan mad yighzif laamer…
    
 Cinquante années sont écoulées depuis l’indépendance à ce jour. Oui, cinquante longues années pour un village qui a offert 1/3 de ses hommes sans compter les femmes pour que l’Algérie vive dans la dignité et la prospérité. Mais. Apres ces cinquante longues années, le village se retrouve avec plus d’1/3 de sa population qui vie sous le seul de pauvreté.oui et ce cas sociale reste un secret de polichinelle pour tous. La pauvreté que certains doux rêveurs utilisent pour maintenir le cap de leur domination sociale économique sur le pauvre villageois.oui plus d’1/3 des jeunes du village sont sans emploi et plongé dans une monotonie qui fait d’eux des futures psychopathes.
       La réussite pour laquelle les martyrs sont mort n’est ni les galas et les danses quotidiennes, ni faire allusion à leurs noms dans les atmosphères non convenable.la réussite pour laquelle nos martyrs sont morts, c’est celle des bacheliers dont personne n’a eu l’idée de récompenser à l’occasion de ces cinquante années. Oui, il y a cinquante ans, personne n’avait le titre de bac dans ce cher village. Aujourd’hui, en 2012 trois candidats seulement l’ont raté et ce malgré l’ignorance qui bat le plein .ils sont mort aussi pour qu’aucune administration ne renvoie le citoyen dans le calvaire de la bureaucratie coloniale.ils sont mort pour que le pluralisme et les horizons d’expressions libres et justes s’installent à la place de l’unique avis et de la décision unique de l'unique. 
       Certes l’ère du parti unique n’est plus, mais sa doctrine reste toujours dans les agissements de beaucoup de personnes qui se disent opposantes au système qui prouve sa stérilité même de nos jours.les pratiques du parti unique viennent de refaire surface.
La marginalisation de ceux qui proposent d’autre avis et pratiques, surtout démocratiques et progressistes sont mis à l’écart. Juste le ridicule qui passe.    
      « Heureux les martyrs qui n’ont rien vu », malheureux les moudjahidines -encore vivant- qui ne peuvent intervenir. 
       Chers martyrs, merci d’être mort pour qu’on puisse chanter et danser à notre guise. Merci de nous offrir avec votre mort un combustible pour prendre la place des élites dans la société et ce grâce à l’utilisation de votre absence et de vos os.
        Chers martyrs, excuser nous si dans cent ans on ne fêtera que le soldat inconnu, car on aura oublié vos noms.
Gloire à vous chers martyrs
Et surtout, pardonner nous.

lundi 2 juillet 2012


L'INTROUVABLE




La mort absurde des Aztèques

par   Mouloud Mammeri


            Ce court essai de Mouloud Mammeri, en introduction à sa pièce de théâtre, Le Banquet, publiée à la Librairie académique Perrin en 1972 — texte devenu introuvable —, nous est apparu d'une certaine actualité par ses réflexions sur la violence, la différence, la mondialisation et le terrorisme.

        “Nous autres civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles”. Cette découverte tardive de la maturité désenchantée de l’Occident, les Aztèques en avaient fait la base de leur conception du destin. L’histoire c’était une succession de soleils qui naissaient dans la douleur, qui, de savoir en naissant que le temps qui leur était imparti était mesuré, mettaient à vivre une sorte d’exaltation forcenée. Le monde pour survivre avait besoin du concours des hommes, qui jetaient chaque jour dans la gueule d’une mort insatiable des cœurs arrachés chauds de leurs poitrines. Un concours qui ne souffrait pas de distraction  une minute de fatigue ou d’oubli, de pitié seulement, et le soleil ne se levait plus  le monde entier retournait à la nudité glacée du néant. L’angoisse renaissait à chaque aube, parce qu’à chaque aube les aubes n’avaient jamais que le sursis d’un jour. L’est, où jaillit la lumière, c’était le lieu des angoisses aztèques, à l’est chaque jour se jouait le drame du monde et de sa survie. La capitale des Aztèques, Mexico, était la cité hallucinée des sursitaires de la mort. Le monde vivait son cinquième soleil, ni pire ni meilleur que les autres. Les Mexicains tenaient a bout de bras l’univers, à coup de guerres, de prières, de discipline et de cruauté. Mais ils savaient que les rivières de sang de leurs prisonniers sacrés ne pouvaient que prolonger le répit; un jour le cinquième soleil, après vécu, mourrait. La certitude et l’attente n’enlevaient rien au tragique de leur mort. Au contraire. La lucidité exacerbait l’horreur et la dotait de rigueur insoutenable. D’autres nations du vieux monde ont passé; les forces souvent semblables des adversaires, des lois communes de la guerre, et comme un minimum d’humanité en deçà duquel aucune des parties ne pouvait descendre, tempéraient les arrêts de l’histoire : Carthage ni les Étrusques, les Perses ni les Pharaons n’ont entièrement sombré. Les Aztèques eux, ont été effacés de l’histoire en quelques mois; en quelques semaines il en fut d’eux comme s’ils n’avaient jamais été.
         Tout conjurait à cette illustration exemplaire de la mort des civilisations. Ils étaient d’une autre planète : jamais l’idée ne les avaient effleurés que, par-delà la mer, il existât d’autres hommes. Ils étaient tellement différents qu’aucun scrupule ne freinait le désir de les anéantir. Ils habitaient un canton perdu du monde : on pouvait dans l’ombre y perpétrer tous les crimes; on y perpétra le plus grand, qui était de les détruire.
       De l’autre côté les Blancs d’Europe en étaient à l’aube innocente de leur conquête du monde : ce n’était pas de la bonne conscience, qui suppose un arrière-fond d’inquiétude, ce n’était pas de conscience du tout. Tuer de l'idolâtre, c’était comme le tigre : une entreprise d’assainissement. Et aux idolâtres le reste donné par surcroît, le reste c’est-à-dire le salut de leur âme. Ils perdaient cette vie mais c’était pour l'éternité de l’autre : ils gagnaient au change. De là la rigueur géométrique de la mort des Aztèques. Un monde qui s’accepte condamné en face d’un autre qui se pense investi par Dieu... une vraie expérience de laboratoire! Il suffit de lire n’importe lequel des chroniqueurs du temps... Bernard Diaz par exemple, fidèle compagnon de Cortès. On subit comme un choc insoutenable cette avancée régulière du mécanisme absurde. Ce n’est pas une guerre, c’est une marche funèbre... Le huitième jour du signe d’Ehecalt, funeste “parce qu’il est placé sous le signe de Quetzalcoalt, le maître des vents et des tempêtes”, Herman Cortès entrait dans Mexico, à la tête de quatre cent fantassins, douze cavaliers et quatre mille alliés indiens. Le Huit d’Ehecalt c’est aussi le Deux de Quecholli, mois du Flamant migrateur, des amants et des courtisanes. Dans le calendrier des Espagnols c’était le 8 novembre 1519.
         L’an Trois-Maison, au mois du changement des fleurs, le jour appelé UN-Serpent, les troupes de Cortès, d’abord chassées de la ville, y revenaient. Elles traversaient à gué les canaux comblés par les cadavres de leurs ennemis. Après une résistance acharnée et les souffrances inouïes de son peuple, l’empereur Guatemozin se rendait à merci, Mexico était détruite. Dans le calendrier des Blancs c’était le 13 août 1521.

Ce jour-là...
“Nous nous mîmes tous en mouvement à l’endroit où l’eau se partage, arrivâmes au lieu de la bataille... et ce fut la dispersion... Les eaux sont remplies d’hommes, remplis d’hommes sont les chemins. C’est de cette manière que finit le Mexicain... La ville mourut”.
Ce constat de huissier il faut le peser son juste poids... “La ville mourut...”
Entendez que ce fut dans les affres : “ Les vers pullulent dans les rues et sur les places, les murs sont éclaboussés de cerveaux...

Nous avons mangé du bois,

Mâché du chiendent salpêtreux,

Des briques de terre, des lézards,

De la poussière, des vers...”

"… toutes les morts sont absurdes… "

Entre ces deux dates il se sera écoulé un an, huit mois et cinq jours. Il aura suffi de vingt mois pour effacer de la surface de la terre une manière de vivre que les hommes avaient mis plus de vingt siècles à sécréter :

“ O mes amis, où est-elle la terre où on ne meurt pas?...

On vient naître, on vient vivre sur terre,

Pour peu de temps on emprunte

La gloire de Celui pour lequel on vit...

En l’herbe printanière nous nous sommes convertis”.

       Quand les soldats espagnols sont entrés pour la première fois dans la ville, la peur, la stupeur, l’émerveillement, aussi une obscure jalousie se partageaient leur cœurs : ces va-nu-pieds, cannibales par piété, qui ignoraient que le Christ fût jamais venu racheter leur pêchés, ni qu’il y eût au monde un roi d’Espagne sur l’empire de qui bientôt le soleil ne se coucherait jamais, avaient créé une civilisation stupéfiante. Comment supporter l’insupportable accord de l’erreur avec une apparente bénédiction?
        Ce fut assez pour signer la mort absurde des Aztèques. Toutes les morts sont absurdes. Celle-ci l’est plus qu’une autre, parce qu’elle n’est pas seulement sans raison, elle est contre raison. On peut tricher avec les mots et ployer des arguments, dont la nature est d’être ployable; on peut à coups de sophismes amadouer le non-sens ou le crime, ils n’en sont pas moins insensés. L’incapacité des Aztèques à conjurer le mal, mieux : leur inconsciente complicité à en hâter l’avènement, nous remplissent de stupeur et de colère : nous acceptons mal de nous cogner en vain la tête contre le mur d’une Nécessité dont notre raison refuse la raison. C’est depuis Eschyle l’unique sujet de la comédie grecque. Les hommes s’agitent, ils jouent à projeter, à vouloir et à décider. C’est en vain : dans les rets d’un destin que les dieux ont tissé sans leur demander leur avis ni se soucier des battements fugaces de leurs cœurs, ils vrombissent...jusqu’à la mort.
Mais la Grèce c’est le passé légendaire de l’humanité, celui des temps où les dieux et les héros erraient parmi les hommes. Les Aztèques c’était hier, nous vivons encore l’aventure qui les a vu combattre et disparaître. Leur histoire est la nôtre. Ils n’ont eu que le privilège fatal de venir les premiers et de s’offrir sans ruse et sans paravent aux coups d’un destin dont nous subissons encore les arrêts. Ils offrent la version nue d’une tragédie devenue planétaire : tous maintenant nous savons que nous sommes mortels, qu’il faut soutenir à bout de bras l’univers, pour l’empêcher de sombrer dans les retombées délétères d’une fission d’atome qui n’est que l’image de la fission de notre raison. Si demain un doigt plus distrait ou plus inconscient que les autres appuyait sur le bouton, il suffirait de beaucoup moins de temps qu’il n’en fallut aux Aztèques pour disparaître. Car la mort des Mexicains nous éclaire sans nous enseigner, elle ne nous sert pas à conjurer la nôtre : nous vivons des poisons qui la fondent.
   Le jeu, dit-on, est ancien : il dure depuis qu’il y a des hommes, et qui s'entre-tuent. Comme si la longévité d’un crime était sa justification. Et puis les crimes d’antan par chance intéressaient des quartiers parfois très exigus de l’univers. Le reste demeurait terra incognita : une réserve de barbarie. Finis ces balbutiements! depuis le milieu du dix-neuvième siècle nous avons par le fer, le feu, le plastic, l’avion et le transistor achevé l’inventaire du monde. Désormais nous pouvons faire, nous faisons déjà, qu’il ne règne plus parmi les hommes que deux ou trois façons de voir le monde et de le vivre. Les variantes même s’amenuisent, car pour les différences ce sont des hérésies partout passibles de mort, à tout le moins d’excommunication. C’est une folle entreprise. Désormais toute différence que nous effaçons — par quelque moyen que ce soit — est un crime absolu : rien ne la remplacera jamais plus, et sa mort accroît les risques de mort pour les autres. Car qui sait si, dans la culture barbare que nous exécutons d’une giclée de canon dédaigneuse, il n’y avait pas une formule de notre salut. Car il est clair qu’à mesure que les années passent, des portions de plus en plus vastes d’humanité se fourrent dans les voies royales de la civilisation occidentale technicienne, matérielle, efficace et programmée. Elles s’y fourvoient aussi probablement, car de plus en plus apparaissent les manques, les frustrations et les servitudes d’une culture dont naguère ne s’imposaient que les prestiges. Les repus sont fatigués de leur réplétion même. Les autres n’ont qu’une hâte : rejoindre l’Occident dans les délices de la société de production. Les choryphées des lendemains qui chantent leur ont délibérément sacrifié les aujourd’hui qui grincent... et demain n’arrive jamais. Ceux des hommes du tiers monde qui contestent les valeurs de l’Occident, au nom d’une authenticité souvent mythique et quelquefois fabriquée, leur sont plus que d’autres asservis, parce qu’ils en subissent les contraintes sans disposer des moyens de les contrôler.
       Car l’efficacité du système tient d’abord à sa cohérence. La pensée occidentale est par essence unifiante et réductrice. Elle a inventé le Dieu unique et dévastateur, le Dieu jaloux. Il n’y a de place en elle que pour une seule vérité. Pour elle le crime de l’autre c’est son altérité : l’autre est toujours intolérable. Il est la fêlure qui menace de bris la fermeture stupidement ronde de notre être. S’il est, c’est que nous ne sommes pas l’absolu. Aux Occidentaux la seule idée de leur relativité colle la panique. Ils auraient tort d’être inquiets, ils ont réussi par-delà la mesure et leur propre attente. Ils n’ont même plus besoin d’avoir recours aux méthodes frustres d’antan, ils ont même inventé un mot pour les stigmatiser : le
génocide. Le génocide a eu raison de l’homme américain. Mais en d’autres cas sa réussite n’a été que partielle : la traite a saigné l’Afrique, elle n’a pas liquidé tous les Noirs. Et puis le moyen est voyant. Heureusement avec le progrès nous avons trouvé beaucoup mieux. Puisque, n’est-ce pas, nous ne sommes que des hommes, nous sommes les hommes, ceux qui ne sont pas comme nous doivent capituler dans leur être, devenir nous, s’ils ne veulent pas disparaître. Il faut pour leur bien les miner de l'intérieur, et qu’ils sentent que leur dernière chance de salut est dans l’adoption de nos valeurs. L’intégration, l’assimilation, c’est le nouveau nom du monisme blanc. Que la violence affinée se soit depuis peu transportée dans l’ordre des symboles ( ou plutôt qu’elle se soucie désormais de doubler le poids de l’épée de l’insinuation des valeurs) n’enlève rien à sa nature dévorante. On serait tenté de dire au contraire. Car maintenant les barbares conspirent à leur éclipse. Le premier pas qu’un sauvage fait pour échapper à ce qu’il sent désormais comme sa solitude, alors que c’était jusque-là sa condition, est aussi celui qui le mène à sa destruction. Au plus loin qu’il soit relégué, et qu’il le veuille ou non, il a acquis de l’espace et des hommes une perception inquiète et planétaire, inquiète parce que planétaire. Il sait que de par le vaste monde grouillent des foules dont sa culture l’exclut. De là ce qu’au tréfonds de son subconscient il traîne comme une blessure, sa déréliction, il n’y a que la distance d’un jet de flèche. La machine de l’intégration est déclenchée. Ensuite il suffira du hasard d’un esprit plus aventureux ou plus inconscient que les autres, plus inquiet peut-être aussi, pour installer dans tout le monde le mécanisme d’une mort d’abord lente et puis explosive, triomphante. Car quel clan sauvage perdu dans la forêt amazonienne peut vraiment prétendre qu’il ignore l’homme blanc et ne sent point à distance le poids de sa volonté d’être et de se répandre? En ce petit canton de l’univers que nous sommes devenus, plus rien de ce qui est humain ne nous est vraiment étranger. Notre terre est enfin ronde. Nous en avons exploré tous les coins et nous y voilà pris. Le poète berbère l’a dit dès les premiers temps de la conquête de l’Algérie :

“Il n’y a plus d’endroit où fuir :

De tous les côtés le soir tombe...”

L’espace inventorié est devenu le champ clos de nos duels. Les échappatoires, jadis foisonnantes, puis comptées et minces, sont devenues nulles. Au bout de toutes les issues la logique de l’homme blanc nous attend... et ses armes.

"… celui que la rivière emporte s’accroche même aux branches épineuses… "

Mais il y a mieux. Il y a que, si l’autre, par une espèce de fidélité héroïque ou désespérée, refuse de jouer le jeu de la civilisation, il n’évite pas la capitulation, il ne fait qu’en changer les formes. Rien n’y fait : le dernier des Mohicans est pris ou piège de sa propre résistance. Car quand l’autre nié se crispe sur tout ce qu’il croit être lui, quand il se fige dans l’opposition stérile, quand il assume indistinctement le meilleur et le pire ou le plus étrange d’une nature qu’il s’invente à rebours, il travaille à son existence enchantée, c’est-à-dire coupée des réalités juteuses et denses. Par peur de disparaître il se condamne à l’hibernation. Il se rapetisse, se folklorise et s’ensauvage à souhait. Toutes ses énergies, il les consume à demeurer. Il perd le désir et bientôt le pouvoir d’inventer. Exilé du présent, débouté de l’avenir, il recrée et mythifie un passé-ghetto qui, sous couleur de l’identifier, l’engeôle. La réserve c’est encore un piège, tendu par des conquérants honteux : les frustrés y tombent quelquefois. C’est à tort. Il fait beau s’indigner ensuite que les Bretons croient trouver dans le nazisme une des voies de leur celtitude. Ce n’est pas aux Celtes qu’il faut s’en prendre, c’est aux Latins et aux Angles qui les ont acculés aux solutions aberrantes, absurdes ou désespérées. Un proverbe de mon pays dit que celui que la rivière emporte s’accroche même aux branches épineuses. C’est la projection malsaine de l’ordre de leurs vainqueurs qui relègue les Celtes dans les franges du folklore ou les combles des solutions passéistes ou réactionnaires. Et il y a de par le monde des continents entiers de Celtes, nous sommes tous des Celtes. Ainsi, à l’égard de toutes les foules de Celtes qui errent parmi le monde, la dernière manoeuvre de la civilisation blanche, la plus feutrée, la plus subtile, consiste à les fasciner de loin, à les frapper de stupeur et d’immobilité. C’est une forme de mort qu’une fidélité littérale, ou bien la vision romanesque d’un fantôme de soi que l’on va quêtant dans la légende, au lieu d’enfoncer hardiment son désir dans le terreau d’un présent qui l’étanche et du même coup le nourrit. Au lieu de ces caricatures grinçantes, oniriques ou souffreteuses d’un monde frappé de fadaise et d’aberration, elles présenteraient les figures possibles de notre avenir entrevu et comme un des termes du choix auquel tous bientôt nous serons acculés. Mais acculés, nous le sommes déjà. La réduction des Barbares, sous quelque forme qu’elle advienne, nous confronte désormais au vrai dilemme. To be or not to be. C’est un Blanc qui l’a dit. Le sauvage n’est plus? Aux civilisés de jouer seuls maintenant devant l’avenir et le vide où naguère encore foisonnait l’imprévisible splendeur de nos diversités, lourdes de tous les enfantements. Car, que le Blanc le veuille ou non, sa civilisation réussit tout, excepté à le rendre heureux. Comme les Aztèques d’il y a quatre cents ans, et pour des motifs moins sublimes, il tient de nouveau le monde, en tout cas son monde, à bout de bras. Il n’a pas trouvé le secret d’accorder le bonheur avec l’abondance, et nous avec lui. Le travail même, qui fonde ses richesses, l’empêche d’en jouir. On lui pèse le loisir à l’once, on le lui programme et on l’engeôle dans la parenthèse crochue de quinze jours l’an, on le lui vend par paquets ficelés, pasteurisés, pesés. D’avance on a calculé ses élans, ses fantaisies, on lui inocule la ferveur à doses socialement rentables, comme le chien de Pavlov on le dresse à baver de plaisir au signal. Laissez les hommes, ces enfants mal grandis, un instant croire qu’ils sont faits pour le jeu, la joie, l’air libre, la chaleur des hommes, la moiteur des rêves ou leur splendeur. Gavez-les d’aises étiquetées. La volupté les ramènera bientôt à la volupté morose du labeur à la chaîne. Là du moins ils ne sont pas acculés à l’horreur d’inventer à leurs risques et périls; on a tout prévu pour eux. Mais, s’il n’y a plus de nègre fou pour danser les nuits et les jours, les travaux et les deuils, plus de touareg habité de mirages, de misère et de vent, qui dira aux civilisations que le travail est une damnation, que nous étions d’abord fait pour l'Éden, que ce n’est pas une raison parce qu’on nous en a exilés, pour baver d’aise après les affres de notre exil, que cela est si vrai que dans la langue des Latins, dont les civilisés se vantent d’être issus, le travail se nomme la négation du loisir (neg-otium)? Il est des civilisations de la fête pour la vie tout entière c’est les grandes vacances. Inutile de leur faire manger la pomme qu’un jour nous avons avalée : elle ne leur révélera que leur nudité. Nous aurons pour eux désenchanté le monde. Si leur malheur le veut, un jour ils regarderont les choses avec le même regard froid, le même manque d’illusion.

L’entreprise est déjà commencée. Les Celtes sont sevrés de mirage... cruellement! Ainsi de l’horizon, dont le sens s’est inversé depuis que les sauvages savent qu’il y a des Blancs et qui vivent, et qui visent. L’horizon c’était jadis le lieu des choses accomplies. Les servitudes, les maladies, les manques c’était l’en-deçà de l’horizon, l’espace clos d’un terroir de tribu. Mais par delà, derrière la vallée définie des larmes, il y a le pays enchanté. Un jour pour sûr de derrière l’horizon allait surgir... quoi au juste? Mais tout justement. Les enfantillages sont finis et ce que les Blancs appellent l’aliénation dans la fable. Les sauvages maintenant sont adultes et civilisés. Derrière l’horizon désormais c’est le champ de la mort, mais non point de cette mort réconciliée, qui n’est que l’autre face de notre vie, et où ceux qui sont partis errent dans les prairies vertes et l’amour apaisé, mais la mort bête avec 22 long rifle, du sang sur la poitrine et... plus rien après. Parce qu’aux vivants et aux morts on a tué l’horizon : après l’horizon de nos yeux tous les horizons se ressemblent, ils sont lourds et bourrés de morts et de Blancs précis comme des balles. Mais l’inquiétude n’exclut pas la lucidité, elle l’implique. la tentation première et fatale de qui cherche le salut, c’est le retour aux mythes d’avant la pomme (si l’on appelle ainsi le premier contact avec les Blancs). Vision bien intentionnée, mais d’aventure plus meurtrière que le franc appétit du loup : lui du moins éveille la vigilance. L'Éden se meurt! A vouloir à toute force le maintenir dans l’espace irréel des authenticités controuvées (il n’y a plus d’authenticité que dans les nostalgies de certains livres d’Occident) on efface plus radicalement : en mythifiant de bon sauvage on mystifie tout le monde, y compris lui! On ne ressuscite pas les horizons perdus. Ce qu’il faut c’est définir les
horizons nouveaux. Pour cela on ne peut pas se substituer aux sauvages agressés, on ne risque que de légitimer l’agression et la rendre plus efficace. Le plus grand service que l’on puisse rendre aux ethnocidés en puissance, c’est de s’abstenir de les civiliser et définir pour eux leur bonheur. Le problème qui se posera dans un deuxième temps est celui de la définition de leur “être ensemble” parmi les hommes, il faut ajouter : parmi tous les hommes, et la distinction est essentielle. Car le problème n’est plus désormais celui des seuls “autres”, confrontés au risque de leur disparition et en tant qu’autres, (et quelquefois de leur disparition tout court). Il est celui de la conjonction des porteurs de différences, qui pour une fois ne chercheraient pas à les résoudre par la réduction, car la réduction est porteuse de mort pour tous : les réduits bien sûr, mais aussi les réducteurs. Quand une tribu australienne abdique par le fait d’une violence concrète ou symbolique, ce ne sont pas les Maoris qui sont diminués, c’est l’humanité tout entière qui a subi une irréparable perte. Par chance le siècle qui a sécrété le poison a aussi produit l’antidote. Depuis un demi-siècle nous avons mué et assez pour que les hommes prétendent décider du visage et du sens à donner à leur existence, plutôt que d’en subir comme jadis les absurdes conditions. Quatre cents ans après la mort des Aztèques nous mourons encore nous tuons aussi, mais la nausée, la colère et le rêve informent de plus en plus nos gestes et jusqu’à notre façon de mourir.
                                                                                                                            Ait-Yenni. Avril 1972



vendredi 29 juin 2012



Les 22 de timeghras
            Les22 lauréats du village de Timeghras, niché au pied Djurdjura, , ne sont pas près d’oublier ce 29 juin 2012, où, ils ont été honorés. La cantine de l’école primaire Kacha-Akli s’est transformée  en un lieu festif où, lauréats de la 5e ont été les stars.
            Les parents d’élèves ne pouvaient pour tout l’or du monde manquer la cérémonie offerte en l’honneur de leurs enfants. La fierté se lisait sur tous les visages. La chaleur caniculaire de ce jeudi n’a pas dissuadé les parents d’assister à cet événement. Le mérite de ce rassemblement convivial revient au directeur de cette école et à quelques bienfaiteurs,  qui ont pris l’initiative d’encourager tous ces enfants qui, au prix de grands sacrifices, ont réussi leurs examens. Bien sûr, la fête n’aurait pu avoir lieu sans le concours des bienfaiteurs, qui par leurs dons ont fait le bonheur des enfants avec des cadeaux à caractère pédagogique, et ce, grâce à la générosité de quelques villageois. C’est surtout une fierté de voir que son village continue de former les futurs cadres de demain. Tout le monde présent à l’unisson émis le vœu que cette initiative demeure pérenne.
                                                     Gloire aux 22 d’avant novembre 1954                                                
                                      

dimanche 24 juin 2012


Pour la première fois une tempête solaire représentant cinq fois la taille de la Terre a été filmée. Cette tornade a été capturée en image par l’Atmospheric Imaging Assembly (AIA) de la sonde SDO (Solar Dynamics Observatory).
Grâce à l’Atmospheric Imaging Assembly (AIA) de la sonde SDO qui permet de prendre des photos de l'atmosphère solaire sur 10 longueurs d'ondes toutes les 10 secondes, une énorme tornade solaire atteignant cinq fois la taille de la Terre a été filmée pour la première fois à la surface du soleil. Pour les scientifiques de l'Université d'Aberystwyth, "c'est peut-être la première fois qu'une telle énorme tornade solaire est filmée par une caméra". Et la séquence a de quoi impressionner.
Capturées le 25 septembre 2011, les images diffusées i lors d’un meeting d’astronomie à Manchester. Elles montrent les mouvements des gaz surchauffés qui peuvent atteindre des températures comprises entre 50.000 et 2 millions de °C. Sur les clichés, on constate que la base de la tornade apparait comme une spirale ascendante qui jaillit dans la haute atmosphère solaire à environ 200.000 kilomètres sur une période d'au moins trois heures. Son déplacement est ainsi au moins deux fois supérieur à celui des tornades terrestres les plus rapides qui soient.
Mais contrairement aux tornades qui ont lieu sur Terre et qui sont générées pas des phénomènes de cisaillement des vents, les tornades de plasma du soleil, elles, sont façonnées par un puissant champ magnétique. Celui-ci s’accompagne parfois d’une éjection de masse coronale, des particules accélérées projetées à très grande vitesse dans l’espace depuis la couronne solaire. Des phénomènes qui ne sont pas rares en ce moment alors que l'activité de notre Soleil s'est intensifiée ces derniers mois

mercredi 13 juin 2012


Cinquante années entre les gypaètes et les acarpes.




                                                   « Mon frère, tombé au combat il y a maintenant trois ans, n’est il donc lui aussi qu’un amas d’os à convictions ?je pensais que ma mère et mon impotent de père avaient plus d’affection et de considération pour lui. Je pensais qu’il existait, dans un recoin plus délicat de ces rugueuses enveloppes montagnardes, des amours véritables qui pouvaient résister à la folie exhibitrice et charognarde qui avait animé soudain des humains à l’endroit des êtres qu’ils avaient parfois le mieux aimés. »               Tahar djaout : les chercheurs d’os

           


Cinquante années viennent de passer. Oui, on est satisfait et heureux. Tout va bien. Les martyrs le sont –ils la haut au paradis ? Ne sont ils pas malheureux et blessés à cause de ce que nous prétendant faire pour se souvenir d’eux ?

           Ce cinq juillet 2012 nous allons chanter, danser, faire semblant de croire à leur combat qui a payé. Nous allons repartir les quelques os qui se trouve à la mosquée du village à parts égales entre les villageois ; et chacun les mettra dans son salon de manière à les exhiber à chaque occasion où on se sent inutile dans cette liberté qu’ils on payé de leurs vies. Oui  «  j’ai un os de chahid chez moi donc je suis ».
         Depuis des années, les os de chahids constituent un prélude plutôt cocasse à la débauche de papiers, certificats et attestations divers qui  font leurs lois intransigeantes.  Malheur à celui qui n’a ni os ni papiers à exhiber devant l’incrédulité de ses semblables.
        Chers  martyrs on fêtera ce cinq juillet comme on se le doit. Juste ne revenez pas cette semaine ni ce mois ni cette année … revenez de préférence après notre mort, comme ça on ne se croisera jamais ni dans cette vie, ni dans l’au-delà. Comme ça, on n’aura pas de compte à vous rendre. Comme ça nous, on n’aura pas vécus pour vous…
        Ce cinq juillet, l’apothéose du martyr verra des festivités qui feront parler, non pas de vous, chers martyrs, mais des organisateurs. Oui, des vivants dans un coma carus qui doivent prouver leur existence tout en faisant semblant de parler de vous.
        Oui, ces vivants qui n’arrivent à rien faire à la longueur pour apporter quoique se soit de bien à leur quotidien.




                                « On dit chez nous, de quelqu’un qui  ne réagit pas aux évènements, que dieu le fera renaitre âne dans l’au-delà. C’est sans doute la une dure condition. Mais, pour la situation présente, je ne vois nullement de différence entre notre âne et nous. C’est lui qui porte le fardeau, mais le véritable poids du squelette est sur nos épaules et dans nos têtes. »
 Tahar djaout : les chercheurs d’os
     
  


En démocratie, les intellectuels ont le devoir de veiller à ce que toute personne se retrouvant gouvernant ne dépasse ses prérogatives en utilisant des symboles pour leurs propres gloire peinée par le décès de celle qui a laissé derrière elle le dernier message « on est toujours debout ».En attendant le 5 juillet 2012 et ce qui se fera, j’ai bien peur que ce jour là  c’est la mort de nos martyrs que nous allons pleurer tout en disant « heureux les martyrs qui n’ont rien vu » .
« ma tecfam a yigudar     Fellawen iadda lakhrif …»
Nekkini kan.

KETCH DWI S ...